par les institutions financières basques face à l’économie réelle |
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Il convient de mettre en relief la réponse positive offerte par les entités basques face au problème de l’économie réelle. Les entités de crédit basques participent aux différents programmes mis en oeuvre tant par le gouvernement central que par les communautés autonomes, afin de fournir des crédits aux familles et entreprises. |
Professeur de l’Université du Pays Basque (UPV) |
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Le gouvernement espagnol, par le biais du programme Fonds
pour l’Acquisition d’Actifs Financiers (FAAF), vise à doter de liquidité
les entités de crédit, afin qu’elles puissent octroyer des
crédits aux familles et entreprises. Les entités financières basques,
excepté BBVA, Banco Guipuzcoano et Bankoa, ont participé
à ce programme, davantage attirées par la possibilité d’obtenir
un financement low cost que pour remédier à leurs problèmes
de liquidité. Le taux
d’intérêt du financement
obtenu via ce fond s’avérait
en effet très attractif et
permettait de stabiliser le
bilan. Les entités financières
basques se sont ainsi bénéficiées
de 648 millions
d’Euros au total.
En outre, les entités financières
basques ont procédé à diverses émissions (cédules hypothécaires,
parts prioritaires, prêts titularisation, etc.), afin
d’améliorer leur niveau de solvabilité et leur situation de liquidité.
Toutes ces opérations et les ressources obtenues grâce aux
opérations sur passifs (dépôts à vue et dépôts à échéance), ont
permis aux entités de rassembler la liquidité nécessaire pour
continuer à offrir des crédits.
Par ailleurs, toutes les entités financières basques ont également
participé aux programmes mis en oeuvre par le gouvernement
espagnol par le biais de l’Institut ICO pour le financement
des entreprises et des familles. Et elles ont signé de nombreuses
conventions de collaboration avec différentes entreprises
et associations, ainsi qu’avec le Gouvernement Basque et
le Gouvernement de Navarre. Ce qui montre clairement la volonté
des institutions financières basques de respecter leur engagement
envers la société basque.
Un engagement que le tableau ci-dessous met en évidence.
En effet, les données publiées par les Caisses d’Épargne et les
Coopératives de Crédit basques montrent une réduction du taux
de croissance des crédits
octroyés aux clients jusqu’en
septembre 2009, qui
reste cependant positif.
Pour ce qui est de la morosité,
on constate une tendance
générale à l’accroissement
de l’indice de
morosité, quoique inférieur à celui
de l’État espagnol. L’étroite relation existante entre les entités
basques et leurs clients leur permet de connaître en profondeur
la situation des familles et des entreprises et d’envisager, avant
l’apparition des problèmes de morosité, diverses solutions, telles
que le refinancement de la dette, la prolongation du délai
de prêt ou la suspension des intérêts. La couverture de la morosité
continue à diminuer, au fur et à mesure de l’augmentation
du taux de morosité, mais en moindre mesure que dans l’État
espagnol.
Les entités financières jouissent, par conséquent, d’une bonne
situation de liquidité pour continuer à accorder des crédits.
Et aucune entité financière basque n’a dû recourir aux aides publiques
pour l’accroissement de ses ressources, car ne présentant
pas de problèmes de solvabilité ; Caja Navarra et Cajacanaria,
quant à elles, ont constitué une société conjointe, afin
d’unifier leurs activités et continuer à travailler chacune séparément
sur leur territoire naturel mais ensemble sur le reste du
territoire, dans un souci de plus grande compétitivité et efficience,
ainsi que de renforcement de leur solvabilité et liquidité
; le tout sans recourir au Fonds du FROB (fonds de secours créé
par le gouvernement espagnol pour encourager la fusion d’entités
financières en difficulté). Par ailleurs, BBK, après sa tentative
d’achat de Caja Castilla-La Mancha, réserve en 2010 tous
ces efforts à ses affaires, sans toutefois rejeter l’option de nouvelles
fusions ou d’achat. Il faut souligner que, en matière de
solvabilité, les Caisses d’Épargne basques occupent les dix premières
positions et que la BBK est l’entité faisant preuve de la
plus grande solvabilité de
tout le système financier
espagnol.
Pour ce qui est de l’efficience,
l’indice d’efficience
s’est amélioré dans
tous les cas, grâce notamment
à la réduction des
frais d’exploitation. Les
entités financières basques
ont fermé quelquesunes de leurs agences situées hors du Pays Basque, mais elles
ont conservé, voire augmenté, toutes les agences existantes sur
le territoire basque.
Les banques basques, par rapport aux Caisses d’Épargne et
Coopératives de Crédit basque, expérimentent une croissance
négative des crédits et une plus grande morosité. Ce qui ne les
empêche pas pour autant de se trouver en bonne situation de
solvabilité, liquidité et efficience.
De plus, les plans conçus par les entités financières pour affronter
le problème de l’économie réelle atténuent les problèmes
de financement. Cependant, l’enquête réalisée par Adegi
en septembre 2009 dévoile que 38% des entreprises de la province
du Gipuzkoa avec moins de dix employés se heurtent encore
à des difficultés, tant de financement que de refinancement
de leur dette. Par ailleurs, selon l’Office de la Consommation
du Gouvernement Basque, les conditions requises et les
critères appliqués pour l’octroi de crédits hypothécaires varient
– non seulement d’une entité de crédit à l’autre, mais aussi d’une
agence à l’autre d’une même entité financière -. La négociation
des conditions est laissée, dans chaque cas, entre les
mains du Gérant de l’agence.
Cette tendance des entités financières à couper les crédits
entraîne une intensification de l’activité des sociétés de garantie
réciproque, qui fournissent aux entreprises le financement
nécessaire pour leurs investissements.
Et dans l’actuelle situation économique et financière, les
conventions de collaboration signées entre les sociétés de garantie
réciproque et les principales entités de crédit s’avèrent
également d’une grande
importance, en assurant
aux entités le remboursement
de tous les
prêts accordés aux entreprises.
Quant au volume de
formalisation annuelle,
il faut mentionner que,
parmi les vingt-deux sociétés
de garantie réciproque
existantes dans
l’État espagnol, Oinarri et Elkargi se placent parmi les dix premières.
Ainsi, Oinarri a triplé son niveau d’activité au cours des
neuf premiers mois de 2009 et a augmenté ses avals formalisés
de 195%. Elkargi envisage également de doubler son activité à
la fin de l’année 2009. Un accroissement considérable découlant
des lignes de financement destinées à couvrir les besoins
en fonds de roulement accordées entre Elkargi et Oinarri et le
Gouvernement Basque.
Ces deux entités ont retenu près de 80% de toutes les demandes
qui leur ont été présentées. De même que, par exemple,
la société de garantie réciproque Sodena, qui exerce son
activité en Haute Navarre, principalement dans le cadre du plan
de développement mis en oeuvre par le Gouvernement de Navarre
pour affronter la crise.
Quant aux entités de capital-risque, selon l’Association Espagnole
des Entités de Capital-Risque (ASCRI), au cours des neuf
premiers mois de 2009 et par rapport à la même période de l’année
précédente, elles ont réduit leurs investissements et opérations
en Espagne, de 49% et 13% respectivement.
Dans un tel contexte, l’ASCRI a tenu à offrir un Prix aux meilleures
opérations de capital-risque réalisées en 2008. Deux entités
financières basques se sont vues attribuer cette récompense
: les entités Gestión de Capital Riesgo del País Vasco et
Diana Capital, pour leur participation aux opérations des entreprises
Biopharma et Indal Taldea, respectivement.
Les données analysées montrent donc que, en général, les
entités financières du Pays Basque affrontent le prochain exercice
avec un niveau de solvabilité plus élevé et un moindre taux
de morosité que la plupart de leurs concurrents sur le plan national.
Cependant, si en 2010 certaines politiques d’aide, nationales,
étatiques et communautaires, venaient à disparaître,
le risque d’une réduction des crédits aux entreprises et familles
serait grand. Sans compter que l’augmentation de la TVA et des
taux d’intérêt officiels prévus par la Banque Européenne vont
constituer une entrave supplémentaire pour l’obtention de crédits.
Le manque de liquidité, le crédit rare et la morosité élevée
complètent le cercle vicieux et rendent plus difficile encore une
possible solution. Et pour que la situation s’améliore, la relance
de l’économie, la réduction du chômage et de la morosité et
la récupération par les employeurs de leur capacité de décision
pour investir sont indispensables.
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