Adieu Soule

« Adieu Soule, la plus belle de toutes les contrées, adieu lieu de naissance, mes rêves les plus doux t’appartiennent », dit la chanson populaire.

A une époque et jusqu’à très récemment, les souletins étaient contraints de s’installer à Paris pour trouver un emploi. Ne pouvant plus subsister de leur exploitation agricole et la ville ne leur offrant pas d’emploi, ils partaient pour Paris, adressant ces couplets au pays qu’ils aimaient tant.

Aujourd’hui, pourtant, les jeunes ne vont plus à Paris ; et pour cause, puisque les jeunes sont très peu nombreux en Soule et qu’ils trouvent un emploi plus proche, au Labourd ou aux environs de Pau. Aujourd’hui, ce ne sont plus les souletins qui s’en vont, c’est la Soule tout entière qui se déracine du Pays Basque.

Depuis la semaine dernière, les chefs d’entreprise souletins ne paient plus leurs impôts à Bayonne. Les citoyens souletins, eux, paient depuis longtemps leurs impôts hors du Pays Basque ; leur taux de chômage et leurs données démographiques ne sont donc pas comptabilisés avec ceux des bas-navarrais et des labourdins, mais avec ceux des béarnais.

De même, les enfants souletins naissent aujourd’hui, pour la plupart, en dehors du Pays Basque, à Oloron, la Soule ne comptant aucun service de maternité. Même si certaines femmes accouchent à Saint Palais ou à Bayonne, de plus en plus de souletins naissent en dehors du Pays Basque.

Le journal le plus acheté n’est malheureusement pas notre Journal du Pays Basque, ni même le Sud Ouest, mais bien le journal République, de Pau, qui assimile les souletins aux béarnais. Il n’y a aucun tribunal en Soule, et les souletins ne peuvent s’adresser ni à celui de Bayonne, ni à celui de Saint Palais. Ils doivent se présenter à Oloron ou à Pau. La Sécurité Sociale, les papiers d’identité ou de véhicules, la santé, les organismes familiaux… tout ce qui les concerne se trouve dans le Béarn.

La Chambre de Commerce est la seule structure officielle reliant la Soule au Pays Basque Nord. Mais il est difficile de savoir jusqu’à quand... Le seul véritable pont qui rattache la Soule au Pays Basque est la langue ; malheureusement, elle aussi s’effondre peu à peu.

Adieu Soule, depuis que je t’ai quittée, je me sens triste, abandonné.

Hur Gorostiaga – Euskadi Irratia – Goiz Kronika 2007-09-19