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Municipalisme nécessaire

La commune est l'unité administrative la plus proche du citoyen et, en quelque sorte, l'unité primaire de l'Etat et l'unité de base pour l’aménagement du territoire. Conformément à leurs responsabilités, les règlements municipaux régissent l'utilisation appropriée des ressources : le territoire – rural, industriel et urbain -, les services assistantiels et sociaux, les biens historiques, linguistiques et culturels.

GAINDEGIA (Observatoire pour le Développement Économique et Social du Pays Basque), depuis sa création il y a cinq ans, a pris comme unité de référence pour son travail d'observation et d'analyse la municipalité (commune), unité administrative de caractéristiques similaires dans tous les territoires du Pays Basque. La collecte des données et d’informations réalisée au fil des années nous a permis de mieux connaître la structure sociale et économique de notre pays. Nous avons constaté que, dans la diversité des 685 communes, les principaux problèmes, les infrastructures et les communications, l'énergie et les services sociaux sont communs à toutes. Toutefois, les réponses, les solutions aux problèmes de développement économique et social, dépendent dans une large mesure du cadre politico-administratif auquel sont soumises les communes.

Par exemple, Urrugne (Labourd), Irun (Gipuzkoa) et Bera (Haute Navarre) ont du mal à partager les infrastructures et les services sociaux et de santé. Trente kilomètres séparent l'aéroport de Hondarribia de celui d’Angelu-Biarritz, plus de 1,2 millions de passagers (environ 300.000 à Hondarribia et 900.000 à Angelu-Biarritz) utilisent chaque année ces infrastructures, mais il n'y a pas de planification commune de ce petit territoire. Et on pourrait mentionner bien d’autres exemples des difficultés rencontrées par certaines communes proches pour résoudre et gérer leurs problèmes communs : Ermua et Eibar, Laudio et Arrigorriaga,...

Il est normal que les communes se regroupent afin de parvenir à une gestion plus raisonnable des ressources qu’elles partagent et de résoudre leurs problèmes communs. C’est normal, c’est bien et, dans de nombreux cas, c’est nécessaire. Le problème est que les entités supra municipales, provinciales, les gouvernements autonomes, régionaux et étatiques limitent la capacité des communes. Il est évident qu'il doit y avoir une interrelation entre toutes les autorités publiques, là n’est pas la question. Ce qui est déraisonnable c’est que les États empêchent le développement des activités municipales.

Les communes basques ont été et sont des agents de transformation sociale et politique ; l’Assemblée des Communes de Lizarra (Estella 1931), le mouvement de Maires de Bergara (1976) ou Udalbiltza (1999) ont envisagé de nouvelles alternatives participatives pour la structuration du pays. La procédure intentée contre Udalbiltza est précisément un procès contre le municipalisme basque. Ce n’est pas l'ETA, qui n’existait pas en 1931, qui a proposé et impulsé l'Assemblée de Lizarra, l'ETA n’a pas promu le mouvement des maires de 1976 et l'ETA n’est pas non plus le promoteur d’Udalbiltza. Le procès contre Udalbiltza prétend remettre en question la capacité des municipalités basques pour la coopération et l’articulation d’institutions supra municipales propres. Rien de plus, rien de moins.

Par conséquent, lors de la réunion annuelle ordinaire de Gaindegia, nous avons tenu non seulement à exprimer notre solidarité avec les accusés, certains d'entre eux partenaires de Gaindegia, mais à appuyer la demande d'acquittement de tous les inculpés. Nous considérons que les communes sont l'unité administrative de base susceptible de coopérer pour surmonter la crise et articuler des formes de gouvernement plus proches et équilibrées. Nous défendons la capacité et les compétences des communes basques pour se regrouper et promouvoir le développement et l'articulation du Pays Basque.

Xabier Isasi Balanzategi
Président de Gaindegia